LA PROMENADE
École du Centre-Ville, Nyon, Switzerland
When a wall and a fountain become instruments, public space turns into sound poetry.
FR
Conçue par l’artiste Julie Semoroz dans le cadre de la rénovation de l’École du Centre-Ville à Nyon, La Promenade est une installation sonore et poétique intégrée au patrimoine de la ville. Composée de tiges en bronze fixées sur un mur historique et une ancienne fontaine, elle invite petits et grands à interagir librement, transformant l’espace en une promenade musicale et sensorielle. Alliant art, histoire et participation citoyenne – avec notamment une mélodie créée avec deux enfants nyonnais – l’œuvre enrichit l’espace public et offre une expérience artistique immersive et durable.
EN
Created by artist Julie Semoroz as part of the renovation of the École du Centre-Ville in Nyon, La Promenade is a poetic sound installation integrated into the town’s heritage. Made of bronze rods placed along a historic wall and an old fountain, it invites all generations to interact freely, turning the site into a musical and sensory promenade. Blending art, history and citizen participation – including a melody composed with two children from Nyon – the work enhances public space and offers an immersive and sustainable artistic experience.
Sur cette promenade paisible longeant l’école du Centre-ville de Nyon, les graviers craquent sous les semelles des passantes et des passants. Parfois, l’oreille est surprise par la cloche du temple à proximité, or désormais elle le sera aussi par le tintement aléatoire de carillons pour peu qu’une main active l’installation de Julie Semoroz. De la même manière qu’on caresserait des épis de blé bordant une route pour rythmer la marche, accompagner le souffle ou ressentir leur texture, il est offert de jouer avec plusieurs grappes de métal qui se donnent au public comme autant d’instruments en libre accès. Étirés sur plusieurs mètres à l’horizontal, des dizaines de tiges de bronze chatoyant ont pris leur quartier en différentes hauteurs, promettant à tous les âges de pouvoir les actionner, faisant pétiller un mur qui jusque-là passait inaperçu.
Le dispositif en lui-même joue avec des pleins et des vides, les carillons ordonnés constituant des ensembles espacés les uns des autres. Entre eux, visuellement, agissent des silences comme dans une partition de musique. En décidant de ne pas remplir les intervalles, Julie Semoroz maintient vivant le souffle, nourrit le mystère, rend vibrante la vision et nécessaire le vide. Les notions d’émergence et de résurgence se conjuguent avec le jeu de la manipulation, l’éclat sonore qui peut en ressortir, réveillant en chacun de nous notre part enfantine. « La vérité ne peut pas se transmettre par la parole, la vérité existe dans le vide entre les paroles, entre les lignes », explique le professeur japonais Hidéo Kamata. Une référence qui permet de rappeler que la composition musicale de La Promenade repose sur trois gammes japonaises de cinq notes chacune, ordonnées tête bêche aux deux extrémités, à expérimenter sans fin, ponctuellement ou en continu.
Connue à l’international pour ses performances musicales faites d’effets de répétition et d’épuisement de la matière sonore, travaillant souvent avec l’improvisation, Julie Semoroz, enfant de la région, fait pour la première fois de son art enjoué une expérience durablement installée dans un espace généreusement partagé avec le public. Pièce interactive et enchanteresse, invitant à « savoir laisser » ou à « laisser faire », elle pousse sans aucun doute tous les petits Nyonnais à détourner désormais leurs parents de leur chemin pour faire résonner cette mélodie imaginée spécifiquement pour ce lieu. « Notre destin est de nous promener », rappelait Robert Walser, qui écrivait comme on se promène. Sans autre prétention que de nourrir un moment de flânerie, ou peut-être de donner un but à une balade, cette pièce si bien intégrée au tissu urbain semble avoir toujours existé ici. Et si vous en doutez encore, écoutez avant d’y parvenir car vous l’entendrez avant même de l’avoir vue. En effet, le réflexe est déjà adopté à Nyon d’activer la musique, peut-être comme avec les carillons à vent nippons, pour transmettre une énergie positive et faire fuir les mauvaises ondes. Art, histoire, architecture et musique sont exceptionnellement réunis dans cette œuvre de cuivre et d’étain au profit d’une vision synesthésique si chère à la culture japonaise.
Karine Tissot
DISTRIBUTION
Kunst am Bau City of Nyon 2025, opening October 4th 2025
Conception: Julie Semoroz
Technical production: Metal System and Julie Semoroz
Photos and videos: Michael Cordey
Production: Association Motonomy
Administration: Nathalie Wenger
Thanks to: Sandrine Pelletier, Isaline Vuille, Carl June, Stéphane Fahrion and the jury of the selection
La Promenade